1964 Gibson J200

Les bonnes Gibson J-200, même d’époque, ne sont pas simple à trouver. Souvent, l’érable leur donne une agressivité excessive, et rares sont celles qui dégagent une vraie projection. Le son reste généralement à l’intérieur, avec un sustain très court qui n’encourage pas à s’aventurer au-delà des rythmiques battues sur les trois premières cases.

Et puis parfois on tombe sur un exemplaire magique qui fait honte à tous les autres, et aide à mieux comprendre pourquoi tant de grands musiciens ont choisi la géante de Kalamazoo comme partenaire privilégiée (au-delà évidemment de son look indéniablement cool). Une bonne J-200 dégage un vrai souffle, le gros volume que l’on attend en voyant sa taille mais sans baver dans les graves, grâce au tranchant bien tenu que permet l’érable. Lorsqu’on a la chance de trouver cette J-200, on ne doit pas hésiter longtemps. Surtout lorsqu’elle est dans un état de conservation magnifique pour une guitare qui vient de fêter son soixantenaire.

Celle-ci se trouvait au showroom Retrofret à Brooklyn, et elle n’y serait sans doute pas restée longtemps si elle n’était pas venue habiter en France. En dehors des mécaniques, elle est entièrement d’origine, dans un état parfait qui n’est pas mint mais qui n’est pas non plus relic : là encore tout est question d’équilibre. Comme en témoigne le beau sillon creusé dans la table entre la rosace et le pickguard, juste sur le chemin du médiator, cette J-200 a été beaucoup jouée, ce qui explique sans doute aussi pourquoi elle sonne si bien. Elle a été le cheval de trait d’un session man country de Nashville qui s’en est servi pour d’innombrables rythmiques entendues en boucle à la radio, et elle est bien partie pour continuer d’imposer son timbre magique pour longtemps encore.

Cette guitare est régulièrement prêtée aux artistes de passage par Paris en studio, et ne cesse d’émerveiller ceux qui la jouent au show-room.